Averses
Mars arrive, et avec lui les averses printanières.
(Les météorologues ne sont pas d’accord avec les proverbes et nos croyances. Pour eux les ondées soudaines sont plutôt prévues... en avril ! D’autres nous disent qu’il n’y a plus de saison …)
Et ce mois évoque toujours pour moi une bribe de poésie apprise pendant mon enfance :
« Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps. »
Il pleut, il faut s’abriter, se protéger. Le ciel semble triste, l’horizon est torturé par des nuages sombres et menaçants. D’un coup, l’eau dévale les trottoirs. Nous essayons vainement de sauter par-dessus les ruisseaux (enfin, les petits rus) . Nous arrivons trempés, dégoulinants…..Grr…..
Mais Mars RIT ….. Comme les enfants qui sont enchantés de mettre des bottes, de taper du pied dans les flaques faisant naître une gerbe de gouttes irisées.
Le temps de nous sécher, et le soleil apparait. Dans un arc-en-ciel de couleurs.
Et Mars prépare des SECRETS… Quel mot mystérieux et attirant pour un enfant. Où faut-il chercher ? Que vais-je trouver ?
C’est toujours un immense plaisir de regarder autour de moi pour découvrir les frémissements de la nature. Avez-vous vu les bulbes fleurir, les feuilles pointer sur les branches et les bourgeons enfler?
Il y a beaucoup de philosophie et d’espoir dans ces deux lignes de poésie, comme dans le dicton : « Après la pluie, le beau temps ! »
Le soleil ne s’en va jamais, il est juste quelquefois caché derrière les nuages…, derrière NOS nuages !
Pour en savoir plus
Voici la poésie dans sa totalité ! Les deux premiers vers ne sont pas encourageants mais bien réels…Et tout de suite le sourire. Puis l’émerveillement. Imaginez tous les petits lutins qui s’activent pendant votre sommeil. Soyez attentifs à la transformation du paysage.
Premier sourire de printemps
Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
II repasse des collerettes
Et cisèle des boutons-d’or.
Dans le verger et dans la vigne,
II s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui, descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
II sème aux prés les perce-neige
Et les violettes au bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.
Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
II met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »
Théophile Gautier (1811-1872)