Dialogue avec une abeille
Le vent a soufflé fort cette nuit, et de nombreuses pommes sont tombées dans l’herbe. Tranquillement, je les épluche pour préparer une compote.
Mais une abeille tourne, vire, virevolte, se pose, vrombit, bourdonne. Bref, elle m’agace.
(Je vous retranscris notre dialogue, la VO me semble plus difficile pour votre compréhension).
« Serait-il possible, ma belle, que tu me laisses éplucher mes pommes sereinement ? »
« Qui es-tu toi ? Une géante ? Mais tu es énorme ! »
« Oh, tu pourrais quand même être polie. Ce n’est pas très courtois de me parler ainsi. »
« Je ne voulais pas te vexer, mais je n’avais jamais vu d’insecte qui te ressemble. »
« Je ne suis pas un insecte, moi ! Je fais partie des humains. »
« Ah, et les humains servent à quoi sur terre ? »
« ?????...... »
« Tu vois, moi je vole de fleur en fleur, et même si je t’ennuie un peu, je permets aux arbres de te donner les jolies pommes que tu prépares. »
« Les hommes plantent les pommiers, et les autres arbres. Ils sèment des graines et repiquent les fleurs pour que tu puisses butiner. »
« Ce sont eux aussi qui arrachent les forêts, qui abîment les rivières et qui mettent du poison sur les fleurs. »
« Hélas, oui, certains font cela. Mais d’autres essaient de défendre la beauté de la nature. »
« Pourtant les humains mentent. On dit à mes amies qu’elles ne craignent plus rien car le poison est maintenant interdit. Et les humains en inventent d’autres encore plus dangereux. »
« Je suis désolée. »
« Eh bien, cela me fait une belle patte que tu sois désolée. Ce n’est pas ce qui va me protéger. Si tu veux, viens avec moi, je vais te montrer comment nous vivons. »
« Mais où veux-tu que j’aille ? »
« Juste de l’autre côté de la colline, j’ai plein de copines. Nous y serons en 3 coups d’ailes. »
« Mais les humains ne peuvent pas voler ! Sauf dans les avions, mais je n’en ai pas un sous la main pour faire un petit voyage avec toi ! »
« Ma pauvre, tu m’as l’air bien empotée pour te déplacer. C’est vrai que tu es quand même bien lourde. »
« Tu recommences ? Tu n’es pas sympa, je fais ce que je peux. Et d’ailleurs j’en fais peut être trop pour toi, tu es insupportable. Dans mon jardin, je ne mets pas de produits qui pourraient te faire du mal. Je laisse pousser les orties, les coccinelles viennent me rendre visite, les oiseaux font leur nid. »
« Alors tu n’es peut être pas si mauvaise que je le croyais. Mais quelle susceptibilité ! Bon, allez, je file, j’ai plein de fleurs à visiter et mon carnet de rendez-vous a pris du retard à cause de toi ! Bzz, salut ! »
« Eh, l’abeille ?? »
« Quoi encore ? »
« Merci pour notre conversation. »
«Je te remercie aussi, tu aurais pu m’écraser avec tes grosses mains. Epluche vite tes pommes avant que les guêpes ne viennent discuter avec toi pour savoir à quoi tu sers ! »
Et, je l’ai vu sourire. Oui ! Oui, croyez-moi ! C’est bien joli une abeille qui sourit.
Pour en savoir plus :
Les abeilles solitaires pollinisent les fleurs que ne visitent pas les abeilles domestiques, elles complètent le travail de ces dernières. Elles sont d'autant plus précieuses qu'elles butinent dès le mois de mars, et pollinisent ainsi les premières fleurs des arbres fruitiers, assurant donc la réussite de la future récolte. De plus, certaines fleurs ne sont pollinisées que par les abeilles solitaires
Il existe plus de mille espèces d'abeilles sauvages, ou solitaires. Elles passent souvent inaperçues, comme l'osmie ou abeille maçonne, qui est velue, noire et rousse. Toutefois, ce n'est pas le cas de l'abeille charpentière ou xylocope, vous avez sûrement déjà vu dans votre jardin cette grosse abeille toute noire.