Grisaille
Léthargie d’un ciel grisâtre, les nuages ne s’étirent pas. Non, ils recouvrent le ciel tout simplement, comme pour me fabriquer un cocon douillet.
Mon esprit vagabonde et s’échappe. Les préoccupations quotidiennes m’assaillent, me chamboulent, m’envahissent et m’oppressent.
Et si je sortais un peu prendre l’air, voir si c’est mieux dehors ?
Manteau, bonnet, écharpe et gants. Bien emmitouflée, je pousse la porte et le froid me saisit. Instinctivement, je remonte mon col, je baisse la tête pour lutter contre le vent, et je serre les dents.
Je marche péniblement, les yeux rivés au sol, en maugréant. Mais quelle idée d’aller affronter les éléments, au lieu de rester au chaud ! Bon, c’est vrai, je ne me sentais pas bien non plus au chaud.
Gros soupir !!!
Quelques flaques gelées attirent mon attention. Elles ont des reflets argentés…
Mon regard s’accroche aux arbustes des haies. Très sombres, leur masse se détache de la grisaille. Sont-ils réellement gris ? Non, plutôt verts, noirs, quelques-uns ont des écorces rouges.
Vraiment, il fait froid, et tout me semble sombre autour de moi.
Le champ tout juste labouré attire des nuées d’oiseaux dans ses sillons jaune ocre… Des corneilles noires, noires, noires… Non, non, elles ont également des plumes d’un bleu métallique. Elles tournoient dans le vent.
Tiens, lorsque je regarde plus attentivement, tout n’est pas noir et gris. Et même le gris n’est pas uniforme, il va du gris clair presque blanc au gris anthracite. Quel camaïeu de couleurs… Et dire que quelques minutes auparavant je ne voyais que de la « grisaille » !
Malgré tout, j’ai très froid au bout du nez. Mais je consens à le lever enfin vers l’horizon. Et là, une surprise...Les nuages s’étirent dans un ciel gris zébré de bleu.
Je reste stupéfaite. Comment ? Je n’avais pas vu le soleil ? Pourtant il était là !
Lorsqu’on accepte de regarder le paysage en entier, la vue est bien différente.
Même si tout semble « grisâtre », notre humeur nous fait trouver l’environnement sombre ou doux. A nous de mettre de la couleur, d’apprécier ce qui nous entoure.
J’ai retrouvé le calme et la sérénité.
Clin d’œil
Avez-vous bien regardé les photos ? La deuxième est coupée en hauteur, et rétrécie. On ne voit que son côté sombre. La suivante est la même, mais cette fois dans sa totalité, avec la vue jusqu’à l’horizon et le ciel...
Morale de l’histoire
Petit tour en ville, et là aussi tout est gris. Mais j’ai bien retenu la leçon. Je regarde cette fois soigneusement. Et le fleuve est un concentré de nuances …
Une patiente arrive dans mon cabinet, le sourire aux lèvres, les joues roses.
« J’adore marcher lorsqu’il fait froid, je me sens bien en hiver »
Chacun a donc un ressenti bien différent !