Il arrive.
« Là, regardez, dans le jardin !... »
Mais que dois-je regarder, qu’y a-t-il d’extraordinaire ?
Je suis stupéfaite. Mais, bien sûr, février s’avance et l’ami que j’attends sera bientôt au rendez-vous.
L’an dernier, il s’était éclipsé sans que je remarque son départ, sans un adieu, discrètement. Il avait disparu à l’autre bout du monde. L’avais-je déjà oublié ?
Et sans me prévenir, il a pris le chemin du retour, en traversant les océans.
Il arrive à pas de velours comme un voleur, comme un faune sur la pointe de ses pieds feuillus…
Il danse déjà dans les sous-bois, en enlaçant les perce-neige et les premières violettes, étirant malicieusement les feuilles des jonquilles, peignant les primevères.
Sous son grand manteau arc-en-ciel, il cache les pompons du mimosa. Avec son sac à dos couleur de pluie, il voyage avec les cigognes et les grues.
Il est passé dans mon jardin en constellant l’amandier de perles blanches bourdonnantes, vernis les petites pommes sauvages pour qu’elles se mirent dans le soleil et corseté le prunus d’un jabot joufflu vert et rose.
Il arrive …