Oiseau Rare
Cet article aurait pu s’intituler « Splendeurs et misères des photographes » !
Les lecteurs de mon blog ont compris depuis longtemps que j’étais passionnée par la nature. Celle toute proche, au jardin, sur le chemin, ou plus loin, lors d’une sortie, un voyage, ou simplement une visite. Tout est prétexte à étonnement, curiosité et matière à découvrir un monde derrière le viseur de l’appareil photo, du petit insecte au pétale d’une fleur, d’un nuage à l’immensité du paysage. Sans oublier l’Homme, au centre de mes réflexions.
Et ce qui est incroyable, ce sont les couleurs, les variétés, les espèces, les races comme autant de preuves d'une extraordinaire adaptation dans l’environnement.
Le monde des oiseaux est un sujet captivant. Leurs chants étonnent, leurs trilles nous ravissent. Mais comment des petites boules de plumes sont-elles capables de voler, et des rapaces de grande envergure peuvent-ils planer et regarder notre terre depuis le ciel ? Leur rapidité est déconcertante et surtout bien perturbante pour le photographe.
Avez-vous déjà vu une nuée d’étourneaux qui dessine des arabesques ? Et lorsque ce nuage s’abat sur le champ et l’arbuste juste en face de la maison, quelle aubaine …
J’avais eu la chance l’an dernier dans un village surplombant les gorges de la Loire, de voir les allers et retours d’une hirondelle qui nourrissait un petit dans un nid accroché sous le toit d’une auberge pendant que je dégustais paisiblement un café. Le zoom, et plusieurs déclics avant de « tomber » juste au moment du nourrissage.
Il y a un mois, en Provence, des hirondelles en migration viennent se rafraîchir dans une piscine. Vite, vite, l’appareil. Mais elles sont si rapides que nous photographions… le ciel. Un cliché enfin, en révèle une en vol !
De même lors d’une sortie ornithologique, les hirondelles des rochers nous jouent le même scénario. Des voltes et des virevoltes, elles nous passent au-dessus de la tête, nous narguent, trissent. Et hop, et hop ! Photos du ciel tout gris, et juste une ombre floue ! Enfin, victoire, il y en a une…
Et nous patientons longtemps, assis dans la garrigue, afin d’observer les migrations. Les enfants s’occupent, lisent, empilent des pierres en une construction zen, puis désertent le poste d’observation…
Soudain, un cri : « des cigognes ! » Non, il s’agit en fait de cormorans, dans un ballet aérien. Puis au ras du Rhône, un groupe de mouettes toutes claires.
Et les commentaires vont bon train : « Tu te souviens, il y a quinze jours en Camargue, nous avons vu un vol de cigognes noires, au moment où nous repartions bredouilles. Quelle émotion ! »
Heureux d’avoir pu profiter d’un tel spectacle, nous rentrons riches d’une nouvelle expérience. Mais auparavant, nous mettons « dans la boîte » des belles images : le soleil qui se lève et troue les nuages de ses rayons pâles, l’arbre à perruque flamboyant, les baies rouge vif de l’églantier…
Ne vous moquez pas ! Bien sûr, cela a l’air beaucoup simple de photographier un arbre ou un monument. Et pourtant … Cela nécessite de déterminer sous quel angle il sera le mieux mis en valeur, la lumière, le cadrage, la précision, le recul. Nous sommes souvent déçus … et quelquefois stupéfaits du résultat.
Il faudrait que le vent cesse lorsqu’on veut mettre en évidence le cœur ou les pétales des fleurs, ou que le soleil illumine le ciel derrière les montagnes. Que d’exigences !
Et si les oiseaux voulaient bien se poser, le temps de sortir l’appareil, de mettre au point le zoom et d’appuyer sur le déclencheur, ce serait parfait …