Le web de la forêt
Quelques pas sur un sentier forestier et nous sommes dans un autre monde, plus naturel et apaisant. Autour de nous des troncs se dressent fièrement, d’autres se penchent ou poussent horizontalement.
Regardons de plus près. Que voyons-nous ? En fait bien peu de choses, ou juste l’arbre ….qui cache la forêt invisible à nos yeux. En fait tout se passe sous nos pieds.
Une conversation s’engage, d’abord des racines à la cime.
« Bip bip, allo là-haut, tout va bien ? Le temps est agréable aujourd’hui, il fait doux. Alors on peut faire éclore nos bourgeons fleuris. »
« Oui, envoie-nous un peu plus de sève pour nous alimenter. »
Les racines s’étendent comme un vaste réseau de communication, divisé en grandes artères puis en petites radicelles sur lesquelles se « branche » une toile souterraine gigantesque de mycélium émergeant en surface sous forme de champignons.
« Bip bip, coucou le mycélium. Si tu veux, faisons du troc ! Je te donne de l’eau et des nutriments, sers toi. Mais en ce moment j’ai besoin de protéines et de quelques enzymes, et d’un rempart contre un polluant. »
Les arbres savent réguler leur expansion.
« Bip bip, pouvez-vous dire aux hêtres de ne pas s’étaler trop loin ? Il faut préserver notre équilibre. »
« Bip bip, attention, alerte ! Les chevreuils arrivent. Protégez-vous ! »
Un jeune plant se sent démuni devant cette menace.
« Comment faire ? »
« Le charme de la clairière vient de nous prévenir que ses feuilles ont été croquées. Alors vite, secrétons quelques produits chimiques pour les repousser. Ainsi, les pousses bien tendres seront moins appétissantes pour eux. »
Les sangliers aussi représentent un danger lorsqu’ils creusent pour trouver des glands et se vautrer dans la boue. Mais en contrepartie, ils disséminent beaucoup de faines et autres graines qui permettront à une nouvelle génération de coloniser d’autres territoires.
Sous la neige, la forêt semble assoupie. Mais les racines continuent à dispenser de la nourriture emmagasinée dans leurs réserves.
« Bip bip, nous avons besoin d’un peu de sels minéraux pour le tronc. »
En cas de grosse pluie ou d’inondation, ce sont encore elles qui vont retenir la terre, absorber l’eau pour la restituer peu à peu. En s’évaporant, celle-ci va créer de l’humidité, puis des nuages, et enfin de la pluie.
A l’inverse, lors d’un épisode de sécheresse, l’arbre « crie » en ultrasons.
« Bip bip, mettez-vous en système hivernal, ne dépensez pas d’énergie pour grandir ! »
En automne, les racines fines meurent. Comme les feuilles, elles vont renaître lorsque la douceur leur permettra de se développer à nouveau. Mais elles sont bien abritées par l’humus qui se décompose et cache des milliards de petits vertébrés actifs.
Au printemps, les arbres qui ont perdu leurs feuilles laissent passer plus de lumière, permettant aux plantes à bulbes de fleurir.
« Bip bip. Ecoutez ! Entendez-vous les oiseaux qui reviennent de leur long voyage ? Quel plaisir ! »
Les arbres poussent mieux avec les chants des oiseaux et les cris des animaux. Leurs branches servent de perchoirs, de nids à une faune variée, quelquefois même de cachette à des êtres mystérieux.
Maman arbre élève ses rejetons avec soin.
« Bip bip, les enfants, profitez de mon ombre si vous avez trop chaud cet été. »
Saviez-vous que les arbres sont des êtres sociaux ? Ils établissent des relations, des clans et ils s’aident dans les situations difficiles… C’est la condition de leur survie et de leur longévité.
Sources de ce texte :
Documentaire : « Le murmure de la forêt » sur ARTE
Livre : « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben