Dé-con-fiture ?

Dans mon appartement, je suis  bien au chaud ! Tranquillement, j’ai  pris le temps de m’installer pour de longues semaines. Quel confort !  Tout est bien rangé, nettoyé…. De nouveau trié dans un ordre différent… Puis remis dans le classement précédent !

A travers la fenêtre, j’aperçois monsieur l’étourneau qui se promène sur la pelouse. Il picore. Qu’en a-t-il à faire de mon ménage ? 

Dans la chambre, les draps du lit ont été changés, repassés, tirés et bordés au carré…. Puis j’ai refermé le lit simplement en rabattant la couette. … Maintenant, il reste ouvert, c’est plus pratique pour la sieste !

J’imagine les grands champs de colza qui commencent à jaunir. Peut-être que les prairies ont été fauchées et que l’herbe sèche avant le bottelage ? Les foins seront bientôt rentrés …Qu’en ont-ils à faire de mes rêves ?

Dans mon bureau, j’ai classé mes papiers, taillé mes crayons, changé les cartouches de mes stylos. Tout est prêt pour écrire un roman… Quelques livres sont venus se poser sur la table ….Et d’autres les ont rejoints… Une pile s’amoncèle et je ne sais plus lequel commencer….

Au pied de l’immeuble, des pissenlits éclatent leurs pétales et le vent dispersent leurs graines. Qu’en ont-ils à faire de les lectures ?

Dans ma cuisine, j’ai fait des merveilles. Une tarte au chocolat trop cuite, un gâteau au yaourt,  un poulet rôti avec des champignons, une deuxième tarte plus réussie, une troisième au citron, un autre gâteau aux amandes, un cake aux pommes et un aux noix. Mon congélateur est plein de tranches bien enveloppées pour l’automne, je n’en peux plus des desserts ….

Par-dessus le mur du voisin, un cerisier me nargue avec ses fruits qui rougissent. Qu’en a-t-il à faire de ma pâtisserie ?  

Dans mon salon, j’ai décoré les murs avec les tableaux qui patientaient depuis des mois par terre. C’est joli et zen. A moi la détente. Quelques étirements, il faut marcher et courir. Trente-trois tours de la table, c’est ennuyeux, et aïe l’angle des meubles. Si j’essayais les altères ? Paf, ouille, je m’en suis lâché une  sur les pieds…

Dans le lointain, j’entends les clochettes du troupeau. Qu’en ont-elles à faire les petites chèvres de ma gym ?

J’aimerai enfin gambader moi aussi, marcher dans la forêt, escalader les collines, respirer l’air redevenu pur, m’enivrer du bruit des vagues, glaner les fruits sauvages, regarder les pâquerettes et les coquelicots…

Dring, dring, dring ….

« Mais que dites-vous ? Ça y est, je peux sortir ? A moi les grands espaces !!! Vite, mon sac à dos, mon appareil photo… Merci, merci de votre coup de téléphone. »
«  Comment non ?  Je suis libre et vous êtes ravi de me retrouver bientôt…. ? Ahhhhh, il y a des piles de dossiers qui m’attendent ? …. »
« Vous êtes vraiment sûr ? Ce ne sont pas encore les vacances ? Je n’ai pas fini tous mes livres, j’ai encore un cake à cuisiner, et ma bibliothèque à modifier, et une vidéo de sport, et…. Et…. Et….. »