Le temps des cerises
En hiver, le cerisier au fond du jardin est tout nu, déshabillé de ses feuilles. Ses grandes branches résistent au froid, se couvrent quelquefois de givre. Il semble presque mort, inerte, endormi. Et pourtant des bourgeons se préparent déjà sans qu’on les remarque. Discrètement, ils accumulent des forces pour sortir dès que le temps sera plus clément pour eux.
Et sans me prévenir, au début du mois de mars, ils pointent leur nez dans le ciel bleu, me laissant entrapercevoir un vert tendre. Et je suis toujours stupéfaite de cette renaissance.
Les jours s’allongent, avril est doux. Le soleil nous fait croire que le printemps cède déjà la place à l’été. Pourtant le dicton devrait nous raisonner. Mais comment patienter lorsque toute la nature se pare de couleurs, que les oiseaux chantent et paradent, que les plantes poussent presque à vue d’œil !
Et un matin, il est tout blanc, comme si la neige l’avait drapé de milliers de flocons qui s’ouvrent en fleurs délicates au pistil rosé dans un écrin de feuilles. Quelle merveille…
Je n’oublie jamais de le complimenter pour sa beauté, je fais de même pour le pommier et le poirier. Pas de jaloux ! Et ils rivalisent de douceur en quelques semaines, fleurs blanches ou roses, à qui mieux mieux.
La chaleur et le vent se chargent en quelques jours des pétales qui tournoient dans les bourrasques et laissent place à des boules minuscules. Les fruits se forment rapidement au bout d’une petite tige et ressemblent à des olives. Certains tentent déjà de rosir, pressés de grandir et de grossir. Vite, vite…
Et je ne peux m’empêcher de les regarder en passant sous l’arbre, jolie promesse d’un régal à venir.
Oui, mais le joli mois de mai et en décide souvent autrement, et la pluie s’immisce sans vergogne dans mon programme. Averses, ondées, fraicheur !
Les cerises rouges sont à peine mûres mais je ne peux résister. Une après-midi enfin clémente et je craque ….et je croque dans la chair juteuse de la drupe charnue, brillante, cirée.
Des boucles vermillon sur les oreilles et une poignée de gourmandise pour le dessert…sans oublier de recracher le noyau ….
Quelques jours encore pour que le sucre donne un goût moins acidulé, et que je commence à ramasser les grappes devenues plus foncées.
Cette fois, elles sont presque à point ! Encore un ou deux jours, et tout sera parfait…
Des orages successifs compromettent la récolte prometteuse et l’eau balafre douloureusement les cerises. Certaines s’abîment tout de suite. Rapidement, l’on sort l’échelle et on cueille pour limiter les dégâts. Et le soir, la bonne odeur de confiture envahit la maison, un clafoutis régalera les gourmands.
Les fruits qui restent sur l’arbre ne seront pas perdus pour tout le monde. Sous le feuillage, les insectes bourdonnent frénétiquement, petites abeilles ou gros frelon, ils se rassasient…
Avez-vous trouvé les petites (et grosses) bêtes ?
Le temps des cerises est déjà terminé….
Connaissez-vous quelques variétés particulières de cerises rouges, blanches ou noires ?
Certaines portent des noms originaux : Bigarreau, burlat, griotte, guigne, marasque, marmotte, montmorency, napoléon, cœur de pigeon, merise…