Relaxation ... agitée !
Mademoiselle a une idée géniale pour notre dimanche. Il fait presque beau. Alors elle me propose de nous aérer les poumons encrassés en respirant le bon air, là-haut tout au-dessus de la ville polluée.
Cela me tente bien ! Nous nous équipons pour la campagne, petit sac à dos, tenue confortable. Et c’est parti pour la grande aventure, de bonne heure pour un jour de repos.
La voiture quitte les rues et les immeubles. De jolies maisons bordent la route, entourées de jardins bien entretenus. De nombreux cyclistes ont entrepris eux aussi l’ascension de la colline. Arc-boutés sur leur guidon, ils fournissent un gros effort, zigzaguent dangereusement. Certains sont venus en couple, en famille ou en groupe et occupent toute la route.
Mademoiselle n’est pas rassurée. Comment les doubler avec tous ces virages ? Et ils ne sont pas les seuls. Des sportifs se sont levés dès l’aube, marcheurs, joggeurs …
Et nous voilà sur le parking, avec des difficultés à trouver une place !
Mais la grande prairie est à nous, tout du moins pour l’instant. La couverture est étendue sur l’herbe, les oiseaux chantent dans les bosquets verdoyants, la vue est absolument extraordinaire.
Que demander de mieux, tout est parfait.
Nous nous installons pour une méditation. Un écouteur dans l’oreille, je m’allonge et regarde le ciel. Les nuages défilent, cachent le soleil, dessinent des formes vaporeuses, se grisent par endroits. Chaque seconde nous gratifie d’un nouveau dessin. Mademoiselle est prête aussi pour la relaxation.
Une petite voix douce m’interpelle :
« Vous prenez conscience de votre environnement, et vous respirez lentement et profondément. Vous êtes attentive à votre ressenti. Oubliez tous les bruits autour de vous. »
Plus facile à dire qu’à faire. Le merle et le rossignol s’affrontent dans un duel vocal sonore.
« Piou piou piou, triii …. »
En râlant, un marcheur hèle son groupe qui a pris de l’avance
« He, attendez-moi, je n’en peux plus, ça faire une heure qu’on marche et j’ai trop chaud ! »
« Allez, arrive, on y est. On boit un coup et on redescend ».
Je me concentre.
« Plus rien n’existe, vous êtes seule au monde… »
Moi, je voudrais bien, mais ce n’est pas tout à fait la réalité. Une petite famille termine la montée, et la fillette n’est pas du tout contente. Elle voulait s’arrêter plus bas pour regarder la vallée.
« C’est même pas drôle votre randonnée, on fait que marcher, et j’ai même pas pu voir si c’était beau et si il y avait des petites fleurs dans l’herbe. Vous regardez rien ! »
« Écoutez la petite musique intérieure, tout est calme… »
Pas tout à fait quand même…
C’est l’heure d’arrivée des cyclistes que nous avons doublés, et des marcheurs tardifs. Les uns montent, les autres prennent le sentier du retour. Ils se croisent, s’interpellent.
« C’est super, hein, on a fait le parcours en 3 mn de moins que dimanche dernier ! »
« Eh ! T’as pas vu mon chien, je l’ai perdu ! On a pas dû prendre le même chemin. Je l’appelle et il me répond pas. »
Et d’une grosse voix, il s’égosille :
« Riri, ici, pied ! pied ! pied ! Mais pourquoi il vient pas cet idiot ? »
« Peut-être parce qu’il t’entend pas, il doit être parti chasser le lapin. »
A mon avis, le lapin est bien caché avec un tel raffut. Et ouf, Riri arrive… J’ai failli avoir peur que tout le monde se mette à sa recherche.
Ah, enfin, quelques instants de silence, juste traversé par la douce voix :
« La sérénité vous pénètre, vous êtes détendue… »
Pas encore complètement, je tente de relâcher les épaules, le dos. Pourvu que je ne m’endorme pas !
Une abeille bourdonne dans les fleurs. Puis une mouche s’invite sur ma jambe, je me secoue un peu, elle se pose sur mon nez et se promène sans vergogne.
J’essaie de respirer doucement, inspiration, expiration, inspiration, expira…. Une voix me fait sursauter :
« A table !!!! Chouette, des saucisses ! Je peux jouer au ballon ?
« Mange d’abord ! »
Que se passe-t-il ? La petite boudeuse a retrouvé le sourire avec le sac à pique-nique. Mais pourquoi donc la famille s’installe si près de nous alors qu’il y a un hectare de prairie ?
Juste au-dessus d’eux, un groupe s’est également posé, avec une grande antenne pour pouvoir converser avec leurs amis situés aux quatre coins de la région. Et d’ailleurs ils parlent très fort, certainement pour que le son parte mieux, car ils ont un micro en plus !
« Allo, allo, ici c’est Serge l’opérateur, nous sommes sur le haut de la colline au-dessus de Lyon. Vous me recevez ? Non, je n’ai rien à vous dire, je voulais juste savoir si vous me recevez… »
« Une douce lumière entre en vous, vous sentez la chaleur pénétrer tout votre corps. »
A cet instant, le soleil traverse les nuages et nous inonde. Mais comment est-ce possible ? La dame est vraiment très forte, même la météo lui obéit !
« Vous êtes maintenant complètement relaxée… Reprenez contact doucement avec ce qui vous entoure… Respirez, et ouvrez les yeux !... »
Mademoiselle bouge elle aussi, et s’étire… Nous échangeons un grand sourire. C’était un beau moment, un exercice en direct pour se concentrer sur l’instant présent !
Il n’y a pas de doute, cela fait du bien de tout oublier autour de nous !!!!
Un grand merci à Mademoiselle pour ce partage méditatif, et pour son apport à mon texte....