Les cartes postales de la coccinelle (4)
Bonjour les amis, vous attendez avec impatience la suite de mes promenades estivales. Et bien sûr, vous voulez savoir où mes petites ailes ont pu m’emmener cette semaine. Figurez-vous que je ne le sais jamais à l’avance. Pas question pour moi de programmer quoi que ce soit, c’est tellement plus surprenant de se laisser porter par les occasions. Et je n’en manque pas, tant d’amis me proposent de partir avec eux. C’est vrai que je ne suis pas une passagère exigeante, j’ai besoin de peu de place, il me suffit de quelques fleurs pour me contenter et vous l’avez remarqué, je suis d’une compagnie agréable, modeste et bavarde…
Après les constructions modernes, je souhaitais me ressourcer dans la nature. Une amie m’a alors invitée à me poser pour la soirée et la nuit au bord d’un grand lac bien calme. Je ne pensais pas qu’il y avait une telle distance à parcourir ! Et mes ailes étaient bien épuisées, malgré ma musculature de sportive ! Alors j’y suis restée quelques jours, autant visiter, n’est-ce pas ?
Mais le devoir m’appelle, il me faut repartir. Et j’ai bien envie de survoler les montagnes plus tranquillement qu’à l’aller. Regardez, comme c’est beau ! Un peu trop haut pour moi quand même, ça grimpe dur ! C’est super de traverser la Suisse, et vous savez, pour moi, pas besoin de frontière ni d’autorisation ! Je n’avais jamais vu des hommes avec d’aussi grandes trompes… Et ils n’ont pas de fleurs à butiner…
Oh, je vois des amis bien gentils qui font de l’escalade. Mais les rochers, très peu pour moi. J’attends gentiment qu’ils reviennent avant de squatter leur sac pendant la suite de leur périple qui dure plusieurs jours.
Devoluy
Et comme ils sont très prévenants, ils font toujours halte dans des prairies fleuries pour moi !
Les paysages sont vraiment magnifiques et je ne m’en lasse pas, il serait plus juste de dire que je me prélasse. Imaginez cette belle vie, transportée tranquillement…
Et le soir, posée sur la rambarde du chalet, je savoure mes vacances pour une fois bien calmes. Je me sens une âme du monde perdue dans la mélancolie du soleil couchant …. Oui, je sais, j’ai des dons poétiques !
Mais je me disais bien que tout cela n’était pas normal. Le lendemain, dès l’aube, même pas moyen de grignoter mon déjeuner. Tout le monde est levé, cela discute, cela rigole, et hop en voiture. Mais où allons-nous ? Je sens ma copine me soulever et me poser délicatement (heureusement encore !) dans un petit sac qu’elle porte à la ceinture.
Mais pourquoi scrutent-ils tous le ciel ? Cela doit être un cours de météo, je pourrais certainement leur apprendre des choses. Et ils prennent des photos tout en discutant, je ne comprends rien. J’aperçois simplement de drôles d’oiseaux dans le lointain.
Quelle agitation ! Pourquoi se met-elle à courir et à me secouer ainsi, quel manque d’égard ! Tiens, d’un coup, elle ne bouge plus, on dirait qu’elle plane. Je risque un œil. Mais oui, elle vole. Comment a-t-elle fait ? Oh elle a une grande aile au-dessus de la tête, et un casque comme moi… Bouh, je n’ose pas regarder en bas… Jamais je n’ai réussi à aller aussi haut, j’ai peurrrrrrr….
Ces humains sont bizarres, ils arrivent à voler en bande comme les oies… Et ils ont des ailes escamotables. Moi je ne peux pas enlever les miennes. Il va falloir que j’en discute avec mon ami le pigeon voyageur. D’ailleurs, j’ai bientôt rendez-vous avec lui…
L’atterrissage n’est pas très au point, à côté du mien qui a un style inimitable… Mais je n’avais jamais vu la terre et la ville de cette façon, une belle aventure (ne racontez à personne que j’ai été un peu verte de trouille, cela reste entre nous)
A bientôt les amis !