Les petits potins de la coccinelle (3)

Hello mes amis, il m’est arrivé quelque chose d’incroyable ! Figurez-vous que j’étais enfin tranquille après ma semaine montagnarde. Pour tout vous dire, je commençais à trouver les journées un peu longues. Et voilà que des amis sont venus pour me proposer une aventure peu banale. Comme je suis aventureuse, j’ai de suite accepté sans bien comprendre ce qui m’attendait.
Le lendemain, me voilà bien calée dans une sorte de gros bocal rembourré que mon amie a posé sur sa tête. Et hop, elle  s’installe, me dit de ne pas bouger et de regarder le paysage. Zou, un gros bruit de moteur, et nous voilà partis ! Cela dit, difficile de ne pas bouger, ses cheveux s’emmêlent dans mes antennes, et j’entends sans arrêt une conversation. Zut, j’ai dû me poser dans un trou de l’écouteur…

C’est bien la première fois qu’une coccinelle fait de la moto ! Et quel circuit ! Mazette. Des virages, à droite, à gauche, des pentes vertigineuses. De temps en temps, j’hume des odeurs de garrigue. J’irai bien me dégourdir les pattes et les ailes dans les buissons. Mais non, on roule, on roule.

Enfin, un arrêt pour admirer l’eau bleue du Verdon, et au bout des lacets de la route, le lac de Sainte Croix. Quelques photos pour vous quand même. Pas question de s’attarder, c’est reparti. Il fait chaud là-haut (je suis bien à un mètre du sol). Mais je vous parlais de l’altitude…

La nuit, je me suis offert un petit luxe. Je méritais bien cela, le jardin d’un château pour me remplir l’estomac, et une ouverture dans une des tours pour m’endormir, avec une vue magnifique. Le luxe me sied bien ! D’ailleurs, le titre de grande duchesse me conviendrait parfaitement…

A mon réveil, j’ai voleté en bordure du parc bien entretenu. Sur le bord d’un talus, quelques tiges blondes étaient idéales pour faire ma gymnastique matinale. Et une copine m’a reconnue et a voulu absolument me tirer le portrait. Je suis superbe non ?

Avec tout ce fan club déchainé, j’ai failli rater le départ et mon amie m’attendait impatiemment. Ouf, retour tranquille avant l’orage qui gronde.
Avant de partir, j’avais prévenu mon ami le pigeon voyageur. Et il attendait mon arrivée avec impatience ! Je n’ai pas eu de mal à le retrouver sur le toit du restaurant de mon village au milieu de toute sa famille, son allure est impayable ! Je lui ai raconté mon week-end. Il a été bien impressionné mais je me demande s’il a cru à mon récit !

En dessous de nous, il y avait de l’agitation et des odeurs bien agréables. Comme la soirée était douce, les portes étaient grandes ouvertes. Bien évidemment, j’en ai profité pour voir à l’intérieur ce qui se passait.

Trop bien, toutes ces fleurs et cette verdure dans les assiettes. J’ai pu butiner, et sauter de pétale en pétale… Et le summum, cela a été à la fin de la soirée. Un gâteau tout jaune, avec des jolies écailles sur le dos.
A force de vouloir voir les choses au plus près, j’ai fini par tomber dans la crème toute blanche. Et là, j’ai pataugé dedans, cela me collait aux six pattes, je n’arrivais plus à m’extraire de ce bain sucré. Et impossible de décoller. Heureusement, c’était une amie qui dégustait le gâteau. Elle a été toute bouleversée par mon aspect et m’a emmenée sur une plante près de la fontaine pour que je puisse me faire un brin de toilette. C’est vrai que je n’avais pas fière allure ! Et cela vous fait rire ? Je vais vous avouer que cette crème était délicieuse, avec des pucerons cela doit être extraordinaire !

Les amis, j’avais vraiment hâte de vous retrouver encore une fois avant que l’automne ne m’oblige à cesser de voyager. Il me faudra bientôt me trouver un cocon douillet pour passer la saison froide. D’ailleurs, n’oubliez pas de m’aider ainsi que toutes mes copines. Il nous suffit d’un pot en terre cuite retourné et garni de feuilles mortes, ou une brassée d’herbes abritées de la pluie et du gel. Bien sûr un hôtel à insectes serait le luxe absolu… Ou le grenier d’une tour XVIIIe, j’y ai pris goût.

A bientôt  les amis !