Monsieur Bobo
Soir d’octobre sombre et froid…La pluie n’a cessé de tambouriner sur la fenêtre, me dissuadant de tenter une sortie pour me dégourdir les jambes. Après une journée laborieuse, je m’assois enfin pour m’accorder un instant de repos… Comment avons-nous pu être aussi occupés, débordés, alors que le week-end nous invitait au farniente ?
Alors que mon esprit vagabonde, la triviale réalité me saute aux yeux : malgré tous nos efforts, il reste encore la vaisselle à ranger, l’aspirateur à passer, le sol à laver, le repas à préparer… et les ordures à vider.
Monsieur vient à mon secours (il me trouve vraiment trop bruyante et agitée). Il attrape les sacs poubelle et ceux du tri qui s’entassent, et propose de s’en charger. Quelle bonne idée ! Le voilà parti en expédition (tranquillement).
Je redouble d’efforts, vite, vite !
De longues minutes s’écoulent avant que je n’entende enfin le bruit sourd de l’ascenseur qui s’arrête à notre étage. Les portes coulissent… et des bribes de conversation étouffée me parviennent sans que je puisse en saisir pleinement le sens, à part quelques mots disparates : orphelin, sauvage…
Enfin Monsieur rentre et il me rejoint dans la cuisine. Il tient quelque chose dans son dos. Qu’a-t-il pu rapporter à part les sacs ? Il hésite à me montrer sa trouvaille et cela m’agace car il est tard, j’ai encore tellement de légumes à éplucher …
La mine penaude, il s’excuse un peu :
« Tu sais, il était posé sur la poubelle dans le local. Quelqu’un a certainement dû l’abandonner parce qu’il est blessé… »
Mais, de qui me parle-t-il donc ?
Un ourson pointe son nez et me regarde l’air suppliant. Il est trop mignon ! Le pauvre a le bras brûlé. Délaissé, il attendait un nouveau foyer qui l’accueillerait malgré son handicap.
Les tâches ménagères ne sont plus aussi urgentes, un câlin s’impose…
C’est ainsi que Bobo est entré chez nous, il y a bien longtemps. Il n’a jamais voulu repartir. Il garde le canapé, participe à mes méditations, et il nous raconte bien des histoires…