Un conte à dormir debout
Il était quelquefois, une moyenne personne de village, dans le périphérique hexagonal, la plus normale qu’on eût su voir : sa.on parent.e en était dingue, et sa.on ancêtre plus dingue encore. Cet.te ancêtre lui fit faire un chaperon certifié nouvelle norme européenne en fibre naturelle bio-sourcée et recyclable qui lui seyait si bien que partout on l’appelait le petit Chaperon certifié.
Un jour, sa.on parent.e ayant fait et cuit des galettes (au sarrasin sans gluten) lui dit :
« Va voir comment se porte ta.on ancêtre, car on me l’a dit malade et sans réseau. Porte-lui une galette et ce petit pot de beurre (acheté à un juste prix au marché des producteurs).»
Le petit Chaperon certifié partit aussitôt pour aller chez l’ancêtre, qui demeurait dans une autre zone rurale revitalisée. En passant dans un bois (où il restait quelques tronc calcinés), la moyenne personne rencontra compère l’animal.e Loup en rééducation probatoire, qui eut bien envie de lui donner des cours d’écologie car son chaperon ne semblait pas avoir été fabriqué par la start-up locale ; mais n’osa pas à cause de quelques bûcheron.ne.s qui étaient dans la forêt et qui replantaient des arbres tropicaux pour lutter contre le réchauffement climatique et les incendies.
L’animal.e lui demanda où allait la moyenne personne. La.le personne, qui ne savait pas qu’il était dangereux de s’arrêter à écouter un.e animal.e loup en rééducation probatoire, lui dit :
« Je vais voir l’ancêtre, et lui porter une galette, avec un petit pot de beurre, que ma.on parent.e lui envoie. »
« Demeure-t-elle-t-il bien loin ? » Lui dit la.le animal.e
« Oh ! oui, dit le petit Chaperon certifié ; c’est par-delà l’éolienne que vous voyez tout là-bas, à la première maison de la zone rurale revitalisée. »
« Eh bien ! dit la.le animal.e, je l’aller voir aussi ; je m’y en vais par ce chemin-ci, et toi par ce chemin-là ; et nous verrons à qui plus tôt y sera. »
La.le animal.e Loup prit sa trottinette électrique et fila par le chemin qui était le plus court (il vérifia sur son GPS), et la moyenne personne s’en alla par le chemin le plus long, sortant son téléphone et s’amusant à regarder sur une application ce qu’il y avait au siècle dernier dans cette région. Elle découvrit des activités bizarres, comme cueillir des noisettes, courir après des papillon-ne-s et faire des bouquets des normales fleurs qu’on y rencontrait alors.
La.le Loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de l’ancêtre ; il heurte : toc, toc.
« Qui est là ? Mon écran de contrôle ne fonctionne plus .»
« C’est le petit Chaperon certifié, dit la.le Loup en utilisant une voix de synthèse, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre, que ma.on parent.e vous envoie. »
La.le bon.ne ancêtre, qui était dans son lit, à cause d’un virus, lui cria :
« Tire la chevillette, la bobinette cherra. »
La.le Loup tira la chevillette et la porte ne s’ouvrit pas car il ne connaissait pas les chiffres du digicode, et gara donc sa trottinette puis fit une sieste avec des jeux vidéo, en attendant le petit Chaperon certifié, qui, quelques temps après, vint heurter à la porte : toc, toc.
« Qui est là ? »
« Ben mémé.e, c’est le petit Chaperon certifié, qui vous apporte une galette, et un petit pot de beurre, que ma-on parent-e vous envoie. Et je suis avec la-le Loup qui veut nous donner un cours d’écologie. »
« Tire la chevillette, la bobinette cherra. Et tape le code secret sans qu’on te voit.»
Le petit Chaperon certifié, appliqua son écran sur la chevillette, et la porte s’ouvrit. Ils entrèrent mais respectèrent la distanciation sociale en vigueur.
« Mets la galette et le petit pot de beurre dans le frigo connecté. »
Bien calé.e.s dans des fauteuils en carton recyclé, le cours d’écologie peut commencer. Mais le petit Chaperon, plein de curiosité, regarde la.le professeur.e qui chausse ses lunettes (en algues et plastique récupéré dans l’océan).
Le petit Chaperon certifié lui dit :
« Ma-on Loup, que vous avez de grands bras ! »
« C’est pour mieux réussir mes selfies ! »
« Ma-on Loup, que vous avez de grandes jambes ! »
« C’est pour mieux tenir sur la trottinette électrique »
« Ma-on Loup, que vous avez de grandes oreilles ! »
« C’est pour mieux écouter mes podcasts ! »
« Ma-on Loup que vous avez de grands yeux ! »
« C’est pour mieux visualiser dans mon casque de réalité augmentée ! »
« Ma-on Loup que vous avez de grandes dents ! »
« C’est pour mieux…. »
Et en disant ces mots, soudainement, la-le bestiole s’écroula dans le fauteuil
L’ancêtre soupira :
« Encore un robot, et sa batterie est déchargée. Quelle époque, on nous refile que de la camelote ! »
Le petit Chaperon certifié chargea le pantin sur ses épaules, ouvrit la porte et l’éjecta dans le chemin…
Moralité : il faut toujours se méfier des apparences et de ce qu’on nous raconte !
Avec toutes mes excuses à Charles Perrault ! Le texte est tiré (et modifié) du livre de mon enfance « Le petit chaperon rouge et autres contes ».