Cà déménage !!!
Une belle maison à la campagne, le rêve pour Nana et Gus ! Avec un jardinet, dans un village. Le calme, le bonheur. Quitter leur appartement bruyant sans extérieur …
C’est pour bientôt et aujourd’hui, ils ont rendez-vous avec Monsieur Malabar, un vrai professionnel, le directeur de l’entreprise « Costauds ».
Nana lui explique leur projet. Pour elle, cela ne sera pas compliqué, la distance est courte, juste quelques kilomètres et peu de choses à emmener, des bricoles…
Monsieur Malabar va lui apporter des cartons et des papiers pour qu’ils puissent tout emballer. Tout ? Vraiment tout ?
« Oui, Madame, absolument tout, absolument tout. Il faut que nous puissions charger le camion correctement. Pas question de prendre des risques avec vos affaires, aucun risque ! »
« Bon, je comprends. Une bonne dizaine de cartons devrait suffire… »
Monsieur Malabar scrute l’appartement et lève les yeux au ciel.
« Euh, je crains qu’il en faille beaucoup plus, beaucoup plus… Ici c’est très encombré ! Vous allez avoir de quoi vous occuper… »
Après son départ, Nana et Gus sont un peu échaudés. Comment ça, encombré ? Comment çà beaucoup plus ? Comment ça les occuper ?
Gus a une bonne solution. S’il le faut, ils pourront aussi emmener des trucs avec leur voiture ! Voilà tout !
Nana lui fait remarquer que leur véhicule est en mauvais état et surtout c’est un petit modèle…Qu’importe, on pourra au moins y mettre les plantes…Sauf les gros pots (et il y en a plusieurs, Nana aime énormément les plantes, le salon ressemble à une serre).
Monsieur Malabar a tenu sa promesse. Deux jours plus tard, il leur livre un gros tas de cartons.
« N’hésitez pas à venir en chercher d’autres si cela manque… »
Nana est un peu contrariée cette fois-ci, elle trouve qu’il y a de l’exagération ! Aujourd’hui, elle travaille plus tard et elle se met de suite à l'ouvrage. Ses vêtements, cela va aller vite. Elle plie soigneusement ses écharpes, les bonnets, les gants et quelques gros pulls. Tout va bien. Comme il fait chaud, pourquoi pas les manteaux et les doudounes. Zut, ces gros trucs prennent de la place. C’est déjà ça de moins à faire.
En rentrant, elle a hâte de montrer tout cela à Gus, il va être épaté. Il voit bien les cartons, mais ne trouve pas ce qu’elle a pu mettre à l’intérieur, l’armoire est toujours aussi pleine. Nana est vexée.
« Demain, tu ne travailles pas, c’est parfait, tu pourras emballer tes affaires et surtout te débarrasser de tout ce qui ne sert plus ! »
Gus va lui montrer de quoi il est capable. Dès qu’elle est partie, il s’attelle à la tâche… Enfin, il essaie. En ouvrant la porte, Nana pousse un cri ! L’appartement est un vrai capharnaüm, ou plutôt un grand stand de brocante…
Gus est assis au milieu, une vieille BD dans les mains, et il lit avec une joie d’enfant.
« Tu te rends compte, je viens de remettre la main sur les Picsou de mon enfance, je suis trop content. »
« Mais je croyais que tu devais faire du tri et jeter ou donner ? »
« C’est fait Madame. »
« Ah bon, alors, on met tout cela dans la voiture et on le porte à la recyclerie. »
« Non, mais tu es zinzin ! ça, c’est ce que je garde. Ce que je jette est là par terre. »
Nana aperçoit un cendrier cassé et deux tournevis rouillés…
« Tu ne vas pas encore entasser toutes ces vieilleries ? »
« Comment, tu oserais donner la carabine de l’oncle Marcel ? Et la bonbonne du cousin ? Le buste que j’avais récupéré en voyage dans un vide-grenier ? Et le chapeau de mon arrière-grand-père ? Oh, et mes collections de porte-clefs et de soldats de plomb ? »
Nana est découragée. Mais que faire sinon emballer tout ce bazar. Dix cartons seront remplis dans la soirée. Et Gus arbore un immense sourire, il a enfin remis la main sur ses trésors cachés derrière les plantes de Nana ! Dans sa nouvelle maison, il a l’intention de les disposer bien en évidence sur des étagères.
Tous les jours, Nana et Gus emballent, emballent, emballent …
Monsieur Malabar est revenu deux fois à leur demande avec encore et encore des cartons. Il n’y a presque plus rien dans l’appartement, à l’exception de montagnes de colis…. Et l’angoisse monte. Auront-ils assez de place pour caser tout cela dans la maison ? Le doute les assaille…
Enfin, le grand jour est là. Monsieur Malabar débarque à l’aube avec deux aides efficaces. Il ne peut s’empêcher de taquiner un peu Nana qui est stressée et qui ne sait pas quoi faire, plantée devant ses montagnes de cartons.
« Une dizaine de cartons ? Je crois que vous étiez utopiste non ! » Et il éclate de rire.
Mais aujourd’hui elle n’a pas le sens de l’humour.
« Tout va bien se passer. Laissez nous faire. Asseyez-vous dans le fauteuil avant que nous l’emportions, et reposez-vous. »
Gus, lui, veut aider et il empoigne la grande lampe sur pied, manque d’assommer un déménageur.
Monsieur Malabar intervient.
« Surtout ne cassez rien, c’est moi qui serait accusé ! Vous aussi, laissez nous travailler. Lisez le journal, ce sera moins dangereux. »
A midi, tout est chargé, les professionnels sont fiers d’eux !
Le camion démarre, rendez-vous en début d’après-midi pour le déchargement.
Nana et Gus ferment la porte, un petit pincement au cœur. Il était moche et inconfortable cet appartement, mais ils y laissent malgré tout de bons souvenirs, leurs premières années ensemble.
Une nouvelle vie s’offre à eux pleine de projets, d’espoir, d’amour…. Et de cartons à ranger !!!