Pénélope nous mène en bateau !

Publié le par Eve

Pénélope nous mène en bateau !

L’été est là, les vacanciers ont pris d’assaut les autoroutes. Je reste bien au frais et au calme à la maison. Il me semble brutalement me souvenir que Pénélope m’avait promis de venir me voir dès qu’elle serait en congé. Je décide de lui téléphoner afin de l’inviter pour quelques jours et elle répond à la première sonnerie.
« Coucou, ah c’est toi ? Je voulais t’appeler ce matin pour te dire que j’arrivais pour te rendre visite, j’ai plein de choses à te raconter. »

« Très bien, et  je t’attends quel jour ? »
« Mais de suite, je viens de me garer devant chez toi ! »
Elle explose de rire, et j’entends ses pas derrière ma porte.
« Alors, tu ouvres ? Je suis chargée, j’en ai plein les bras. »

C’est effectivement le terme qui convient, elle a des valises, des sacs et des paquets jusqu’au-dessus de la tête.

Pénélope nous mène en bateau !

Je suis décontenancée, et prise de panique. D’une voix un peu tremblante, je m’enquiers :
« Mais, tu déménages ? Tu t’installes définitivement chez moi ? »

« Presque, tu vas être ravie…Je vais passer une partie du mois ici, bien au frais pour rédiger mon histoire. Et je sais que tu vas me concocter des petits repas au top et tes délicieux gâteaux. Dommage, je n’ai pas pu te prévenir pour que tu en fasses aujourd’hui. ».
Ravie ? Moi ? Euh … J’essaie de faire bonne contenance et de comprendre.
« Quelle histoire ? »
« Je rentre de mission, et il faut que je raconte mes aventures. Tu vas voir, c’est absolument fabuleux. Mais d’abord, je vais dans ta chambre et je déballe mes affaires.»
« Dans MA chambre ? »
« Bien sûr, elle est nettement plus grande et pour écrire ce sera plus confortable pour moi. Mais ne t’inquiète pas, je vais t’aider à mettre des draps propres. Et ensuite, tu pourras préparer à manger, j’ai une faim de loup.»

Quelquefois, je me sens fatiguée … Bon, un peu de jeunesse et d’animation dans la maison, cela me fera du bien, du moins je l’espère ! Heureusement que j’ai toujours des placards remplis, au cas où. Et ce cas-là me semble affamé.
« Tu n’as pas mangé depuis 8 jours ? »
« Je reviens d’une semaine de reportage et je n’ai pas pu grignoter beaucoup. Je t’expliquerai plus tard. C’est super bon ton plat de pâtes au basilic, mais je vais rajouter un peu de beurre, tu as eu la main un peu légère. Et je te ramène les fruits, je vois que tu n’as pas eu le temps de prévoir un dessert. »

J’évite de m’excuser à propos de mon manque de rapidité !
« Tu es partie où et avec qui ? »
« En croisière en Méditerranée, j’étais invitée à participer à une semaine de courses en voilier avec d’autres copines de mon école. Je vais tout écrire, je suis venue pour çà et je te lirai mon texte. Allez zou, je n’ai pas que çà à faire de papoter, je bosse moi ! Le succès m’attend … Hop, hop, hop, super Pénélope ! »

Pénélope nous mène en bateau !

Et elle disparait, me laissant seule avec les reliefs du repas et la vaisselle. Au cours des jours suivants, je tente de m’organiser. Entre le jardin, mon blog, les courses, la cuisine, la pâtisserie pour ravitailler son estomac insatiable, les heures défilent vite.
Pénélope travaille avec assiduité, je n’ose pas la déranger en faisant du bruit. Mais elle n’oublie jamais ses pauses et fait irruption régulièrement pour humer le fumet de mes casseroles ou jeter un regard gourmand à travers la vitre du four avant de s’installer confortablement lorsque la table est prête. Je peux être rassurée, elle ne se laisse pas dépérir.

Enfin, au bout d’une semaine studieuse, elle apparait triomphalement au moment du goûter, un large sourire aux lèvres.
« Voilààààà ! J’ai fini, je suis trop contente de moi. »
C’est déjà pas mal avant la notoriété internationale. Mais ma réflexion philosophique tourne court, elle attrape l’assiette de petits sablés, s’assoit sur le canapé de la terrasse, et m’intime l’ordre de la rejoindre pour écouter sa prose. Vu qu’il y a de nombreux chapitres, je vous en fais grâce et je tente de vous résumer les passages principaux de notre conversation…
« Me voilà nommée capitaine du bateau,  un fameux trois-mâts, fin comme un oiseau …  »

Pénélope nous mène en bateau !

« Capitaine ? Je ne savais pas que tu savais naviguer. »
« Mais non, c’était juste un titre donné par mes copines parce que j’avais mon polo rayé et une casquette marine. Laisse-moi continuer. »

Je cale les coussins pour être plus à l’aise, la soirée va être longue. Elle tient dans les mains une liasse de pages couvertes d’écriture.
« Courses magnifiques chaque jour contre une trentaine de concurrents, passages périlleux entre les bouées, changements de cap, on vire de bord. La vie palpitante des marins, quoi! »
Ma culture maritime n’est pas suffisante pour tout comprendre, mais je ne pose pas de question. Pour l’instant elle est tranquille, je la laisse continuer dans ses  descriptions.
Et soudain le ton change.
« C’est à la dernière régate que le drame est survenu. »
« Que s’est-il passé ? Le bateau a pris l’eau et vous avez dû écoper ? »

Pénélope nous mène en bateau !

« Pas du tout, bien pire que çà. La tempête soufflait. Les vagues mugissaient, elles étaient immenses et l’une d’elles m’a arrachée du mat où je m’accrochais. »
Je pâlis : « Tu es tombée à l’eau ? ».

Mais elle ne répond pas à mon interrogation angoissée.
« Dis donc, je mangerai bien un morceau, l’air de la mer ça creuse. »
Elle fonce à la cuisine, et s’active pour empiler notre couvert et les plats que j’ai concoctés sur un grand plateau qui oscille dangereusement. Elle pose le tout sur la table basse, allume des bougies, et se sert généreusement avant d’en mettre une cuillère dans mon assiette.
« Cela m’a ouvert l’appétit de me souvenir de cette aventure. C’est beau ce que j’écris, hein ? N’hésite pas à me dire si je dois corriger quelque chose, quoique cela me semble parfait. Et encore, tu n’as pas eu la suite. Donne-moi encore de la crème au chocolat pour que je reprenne des forces.»
Lorsqu’elle a enfin tout englouti, elle poursuit son récit.
« Le bateau s’est éloigné, me laissant seule, perdue au milieu du vaste océan, sans une île en vue. »
« Et tes coéquipiers ? Ils ne t’ont pas repêchée ? »

Elle ne relève pas mon interruption.
« Heureusement que je nage vigoureusement. Mais, dans l’écume déchainée, je vois un aileron titanesque qui se dirige vers moi. Un requin aux dents menaçantes! »

Pénélope nous mène en bateau !

Elle continue en élevant le ton.
« Je ne panique pas, je le regarde droit dans les yeux. Hop, hop, hop, super Pénélope! Et il hésite à m’attaquer. C’est alors que l’incroyable se produit. Un crabe vient à mon aide et lui pince le nez violemment.  Le monstre a eu tellement peur qu’il s’est enfui sans demander son reste.»

Pénélope nous mène en bateau !

Un requin ? Un crabe ? Je commence à me poser des questions en la regardant. Debout sur le canapé, elle lit la scène, elle la mime, elle déclame et elle y joint l’intonation et le geste (je fais attention à ses bras qui ont tendance à s’approcher dangereusement de mon visage). Passionnée, rien ne l’arrête, les feuillets volent par terre.
« Enfin,  on vient à mon secours, ils ont entendu mon appel déchirant. »

Pénélope nous mène en bateau !

« Je suis tirée hors de l’eau, enveloppée dans une grande serviette chaude. Arrivée au port, me voilà accueillie comme une héroïne, par tous les estivants et les membres de mon équipage. Je suis sauve, ouf ! »
Epuisée, elle se vautre dans mes coussins, soupire d’aise.

« Je t’avais bien dit qu’il y avait du suspens. C’est formidable, non ? »
Elle guette ma réaction. Je la félicite d’abord pour son courage puis j’essaie d’en savoir un peu plus.
« Dis-moi Pénélope, aurais-tu un peu corsé, enjolivé et romancé ton reportage ? »
« Tu t’en es aperçue ? Oui, je dois te l’avouer, j’avais besoin d’un texte fort pour tenir mes lecteurs en haleine. »
« Alors raconte-moi la vraie version. »

Elle fait une petite moue espiègle.
« Bof, c’est beaucoup moins drôle. J’ai eu le mal de mer toute la semaine, rien pu avaler. Et je suis passée par-dessus bord lors d’une nausée… »
Cela m’explique son appétit.
« Et le requin, une pure invention ? »
« Mais pas du tout, c’est véridique. »

Devant mon regard dubitatif, elle se ravise.
« Bon, d’accord, c’était la bouée d’un enfant… »
Et elle explose d’un rire communicatif.

Pénélope nous mène en bateau !

« Tu vas publier ? »
« Evidemment ! Chaque chapitre va paraitre dans le blog de mon école comme l’an dernier*… Même Monsieur Delacampagne le mettra dans sa Gazette de l’été**. Figure toi que j’ai mon fan club maintenant .Je reçois plein de lettres. »

Elle a un sourire éclatant. Il fait nuit depuis longtemps mais elle ne semble pas décidée à rentrer se coucher.
« Je suis enfin en vacances, tu vas pouvoir profiter de moi toute la journée. Je pensais repartir, mais je vais te faire plaisir et rester quelques jours encore. Et pas de souci, demain c’est moi qui cuisine. »
J’imagine déjà le chaos chez moi.
« Pas question, repose toi et laisse-moi faire. »
« Ah puisque tu insistes, je vais me la couler douce. »

Je l’ai échappé belle. Et ce n’est que le début de l’été ….

Pénélope nous mène en bateau !

Vous avez manqué les aventures de Pénélope :

*Le scoop de Pénélope :
http://www.pensees-polychromes.com/2021/04/le-scoop-de-penelope.html

**Le voyage de Pénélope :
http://www.pensees-polychromes.com/2021/10/le-voyage-de-penelope.html
http://www.pensees-polychromes.com/2021/10/le-voyage-de-penelope-suite.html

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G
Bravo pour ta belle patience avec Pénélope😉 😂
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M
J'aime tant les aventures de cette Pénélope, un grand merci pour cette lecture remplie de bonne humeur qui fait beaucoup de bien ! Vivement la suite :)
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E
Très drôle ! Quelle imagination ! Bravo : on va jusqu'au bout de l'histoire en riant...<br /> Bisous
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